Le soutien budgétaire comme n-ième rempart contre la crise ?

 

CONTEXTE

Ce qu’il s’est passé :

Les mesures titanesques prises par les Banques Centrales et les Etats partout sur la planète n’ont évidemment pas empêché l’ensemble des pays développés d’afficher une croissance négative de leur Produit Intérieur Brut au premier trimestre due au confinement quasi généralisé. L’Allemagne est même officiellement entrée en récession (deux trimestres consécutifs de baisse du PIB) après avoir flirté avec celle-ci depuis la fin 2018.

Aux Etats-Unis, l’emploi continue de se dégrader fortement avec – depuis le début de la crise – près de 36 millions de nouvelles demandes d’allocations chômage, ce qui a fait bondir le taux de chômage de 3,5% à près de 15% aujourd’hui. Et encore, cela ne tient pas compte du temps partiel subi qui – si on vient l’ajouter au taux de chômage officiel – fait grimper encore plus la note avec un total de 21,6% ! Cela a bien évidemment eu un impact sur la consommation des ménages américains qui s’est littéralement effondrée en avril (-16,5% après -8,3% en mars) soient des niveaux qui dépassent largement ceux observés au cours des crises de ces 30 dernières années.

Le climat globalement moins anxiogène lié au début du déconfinement à travers le monde, couplé à un flux de nouvelles positives sur les éventuels vaccins permettent aux marchés actions de se stabiliser sur le mois écoulé malgré des chiffres macroéconomiques en berne. Cependant, les niveaux de valorisation actuels, en lien direct avec le rebond conséquent des marchés depuis la mi-mars, nous poussent à toujours recommander la prudence sur les marchés actions, estimant qu’un nouvel accès de faiblesse n’est pas à exclure à moyen terme.

Nos prévisions :

La crise de liquidités a bien été évitée, grâce aux mesures titanesques prises par les Banques Centrales et les Etats partout sur la planète. Mais nous ne devons pas nous considérer comme définitivement tirés d’affaire : en effet, il nous faudra désormais éviter une crise de solvabilité généralisée, phénomène autrement plus complexe à gérer.

Après avoir largement anticipé les déconfinements (+30% de progression aux Etats-Unis, +22% en Europe), les marchés font désormais du surplace depuis un mois. La question qui reste entière est désormais de savoir si la période de détente dans laquelle nous sommes entrés depuis 2 mois est désormais terminée pour déboucher sur une nouvelle phase d’accès de faiblesse à court terme, ou si les indices vont d’abord continuer à osciller autour des niveaux actuels comme c’est le cas depuis déjà près d’un mois.

Nous penchons aujourd’hui pour la seconde hypothèse, mais nous pourrions rapidement évoluer dans les semaines à venir en ajustant à la baisse nos objectifs de cours, si la psychologie des marchés était amenée à changer. En effet, les caractéristiques du rebond des marchés actions depuis mi-mars (point bas des marchés) collent désormais parfaitement avec les données médianes historiques des périodes de détentes dans les grands marchés baissiers que l’on a pu observer par le passé.

ALLOCATION TACTIQUE

Notre avis n’a pas changé depuis le mois dernier sur les marchés actions. Pour les personnes à même de suivre les marchés actions quotidiennement, et ainsi de profiter pleinement de rebonds techniques, nous recommandons de sous-pondérer les actions à court terme – ces dernières étant proches de la borne haute du range actuel – tout en étant prêt à rentrer très rapidement une fois qu’une respiration de l’ordre de -8%/-9% aura été constatée. Pour des investisseurs moins actifs, nous recommandons également d’être sous-pondérés, en attendant que le point bas définitif ait été atteint dans les mois à venir.

Côté obligataire, nous restons toujours positifs à court terme pour le souverain, au vu de l’afflux de liquidités en provenance des banques centrales, et restons très prudents vis-à-vis des obligations corporates les moins bien notées, en Europe comme aux Etats-Unis.

ACTIONS : sous-pondérés

Le retracement de la baisse initiale (61% aux Etats-Unis pour le S&P500 et 42% en Europe pour l’Euro Stoxx) nous fait réitérer notre mise en garde à moyen / long terme et cela en dépit même du soutien monétaire. Nous estimons que les niveaux de valorisations actuels, qui dépassent les niveaux d’avant crise et qui réatteignent même leurs niveaux des années 2000 ne sont pas soutenables, et devraient entrainer in fine un nouvel accès de faiblesse plus tard dans l’année qui pourrait amener les indices en deçà des points bas atteints mi-mars.

Surtout, nous estimons que les anticipations actuelles de recovery en V pour les profits des entreprises en 2021 nous apparaissent trop agressives (+37% de progression attendus l’année prochaine par rapport à cette année pour les sociétés européennes constituant l’Euro Stoxx et +27% pour les sociétés américaines du S&P500).

Rappelons que notre scénario actuel est celui d’une période d’accalmie dans un marché baissier de long terme. Dans ces conditions, nous préférons rester prudents à court terme et nous redeviendrons plus agressifs après un segment de baisse typique d’un environnement de Wave Market (soit une baisse de l’ordre de -8%/-9%) qui ne s’est toujours pas matérialisée depuis les points hauts d’avril.

Nous repondérons très légèrement les actions néanmoins dans notre allocation finale suite à la légère baisse observée début mai sur les marchés européens.

OBLIGATIONS : neutres au global, négatifs sur l’obligataire spéculatif (High Yield)

Notre point de vu n’a que peu changé depuis le mois dernier : le soutien massif des Banques Centrales (BCE et FED en tête) rend une remontée importante des taux souverains impossible à moyen terme. Car si hausse des taux il devait y avoir, cela gripperait encore plus une économie déjà en berne. Il est donc impensable que les Banques Centrales puissent laisser les taux remonter à moyen terme sous peine de propager encore plus la récession actuelle.

Du côté des obligations corporates, les spreads ont légèrement reflué après avoir explosé depuis la fin février avec la perspective d’une décrue massive et historique du PIB au T2 2020… Toutefois, il est important de rappeler que le compartiment BBB ou le High Yield paraissent encore largement en dessous des niveaux atteints lors des précédentes crises (2008-2009 et 2011-2012), laissant ainsi apparaitre un potentiel de baisse restant substantiel pour cette classe d’actifs, que nous continuons de sous-pondérer à court et moyen terme.

Concernant les obligations spéculatives, nous trouvons important de rappeler notre point de vue sur ces actifs : ce n’est pas le bon moyen d’ajouter du risque dans un portefeuille, surtout au vu du contexte actuel. L’effondrement conjoncturel que nous connaissons met en grande difficulté les émetteurs ayant une signature dégradée. Et si l’interventionnisme a évité au marché de se gripper à court terme, il n’empêche qu’une partie non négligeable des émetteurs devraient subir cette fois non une crise de liquidités mais bien de solvabilité dans les mois ou trimestres à venir. En conséquence, nous préférons – et de loin – jouer du risque via des actions liquides et avec un risque de signature limité que via du High Yield, que nous maintenons en sous-pondération (nous aurions été « très » sous-pondérés sans la Fed).

Concernant les émergents, notre regard est le même depuis plusieurs mois maintenant et nous restons sous-pondérés tant que nous ne disposerons pas de signaux tangibles d’amélioration de la conjoncture et de visibilité sur la résilience de leurs modèles économiques dans un monde moins ouvert (sans compter que l’impact de la crise sanitaire actuelle va être très violent pour les pays émergents, dont le modèle économique est basé sur les exportations…).

MATIERES PREMIERES : neutres sur les commodities, légèrement positifs sur les métaux précieux

Pas de changement par rapport au mois dernier. Le ralentissement économique se poursuit et rend selon nous peu probable une reprise durable des prix.

L’or a rebondi en même temps que l’ensemble des autres actifs pour se stabiliser sur ses précédents points hauts. L’afflux de liquidités à travers le globe devrait continuer de favoriser l’or en jouant à la baisse sur les taux et en limitant le besoin de disposer de cash comme cela a été le cas fin mars.

GRILLE D’ALLOCATION RECOMMANDEE :

PERFORMANCE DES DIFFERENTES CLASSES D’ACIFS DEPUIS 1 MOIS 

AVERTISSEMENT

Ce document est exclusivement réservé à la clientèle de RHÉTORÈS FINANCE. Il ne constitue en aucun cas un conseil d’achat ou de vente.

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Il n’existe pas d’actif garanti.

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