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30 décembre 2025
Lettre de la gestion – Décembre 2025
Fin d'année 2025
Ce qu’il s’est passé le mois dernier
L’évènement de cette fin d’année
Perspectives et positionnement sur les marchés en 2026
Les dernières semaines auront été marquées par la fin du shutdown le plus long de l’histoire des Etats-Unis après 43 jours de paralysie : l’interruption des services publics et le gel temporaire des salaires devraient ramener la croissance du 4ème trimestre à +0,4 %.
De nombreuses statistiques n’ont pas été publiées, notamment les chiffres très attendus du chômage. Le marché s’est focalisé sur les déclarations des membres de la Fed, Jerome Powell laissant entendre que « dans le brouillard, il faut freiner », ce qui a conduit à l’effondrement des anticipations d’une baisse des taux de 25 points de base en décembre.
Les investisseurs ont pris des profits sur les actions, et notamment sur les valeurs liées à l’Intelligence Artificielle. Compte tenu de certains niveaux de valorisation très exigeants, le doute persiste quant à l’efficience des montants astronomiques investis. Les indicateurs de « peur » se sont tendus : la volatilité du marché actions américain a frôlé 30, l’or s’est rapproché de ses sommets autour de 4 200 $ l’once, l’indice « Fear and Greed » est retombé sur ses niveaux du mois d’avril et le bitcoin a violemment corrigé.
En zone euro, les indicateurs avancés confirment une reprise graduelle. Le PMI composite reste solide autour de 52,4 en novembre, tandis que l’enquête de la Commission européenne progresse légèrement. L’Allemagne intensifie son soutien budgétaire avec des dépenses de défense et d’investissement en hausse et une reprise industrielle modérée. L’inflation continue de converger vers la cible, à 2,1 % en septembre, tandis que les salaires négociés ralentissent à 1,9 %. Le compte rendu de la réunion d’octobre conforte l’idée que la BCE considère désormais 2 % comme son niveau d’atterrissage du taux directeur.
Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a maintenu son taux directeur à 4 %, mais adopte un ton résolument orienté vers une baisse en décembre.
En Chine, la croissance s’est affaiblie en octobre : la production industrielle ralentit à 4,9 % contre 6,5 % en septembre, les services à 4,6 %, tandis que les exportations et l’investissement repassent en territoire négatif. Les ventes au détail progressent de manière modérée (+2,9 %). Ce momentum renforce les attentes d’un nouvel assouplissement monétaire. Donald Trump a évoqué une possible réduction supplémentaire des droits de douane (-10 %) si Pékin renforce sa répression des exportations de fentanyl.
L’évènement de cette fin d’année
Le plus long « shutdown » (paralysie administrative) de l’histoire des États-Unis a pesé sur l’économie américaine. Les effets directs ont concerné l’ensemble de l’administration fédérale et ont privé de salaire 1,4 million d’employés fédéraux américains (670 000 employés ont été forcés en congé sans solde et 730 000 ont travaillé sans être payés) pendant un mois et demi.
Ce « shutdown » a également engendré des effets indirects, comme en témoigne la paralysie de nombreux vols aériens durant la période, faute de contrôleurs aériens disponibles, ainsi que l’absence de publication de statistiques macroéconomiques…
Évolution du Nasdaq 100 depuis le 01/07/2025 (en $)
Sources : Bloomberg, Dauphine AM
Le Congrès, composé de la Chambre des Représentants et du Sénat, avait jusqu’au 1er octobre pour trouver un accord sur le budget de l’année fiscale suivante sous peine d’entrainer une paralysie budgétaire prolongée. Contrairement à la France où la situation s’enlise depuis un an et demi, un accord a été trouvé le 12 novembre : le président américain a finalement signé la loi de financement. L’économie américaine a subi un choc non négligeable où la croissance du quatrième trimestre 2025 a été amputée d’environ 1,5 point de PIB annualisé.
La Reserve Fédérale qui naviguait déjà « à vue » pour ajuster sa politique monétaire, a été privée de nombreuses statistiques majeures (emploi, inflation, PIB détaillé). La communication de la FED était de « freiner dans le brouillard », ce qui anéantie tout espoir de investisseurs sur une baisse de taux au mois de décembre créant un mouvement de prises de bénéfices sur les marchés voire une défiance des marchés des segments les mieux valorisés comme les sociétés technologiques.
Probabilité d’une baisse des taux de la FED de 25 points de base le 10 décembre
Sources : Bloomberg, Dauphine AM
Finalement à la fin du mois, les déclarations plus rassurantes de plusieurs gouverneurs de la Fed de New-York ont fait grimper en flèche la probabilité d’une baisse de taux en décembre pour dépasser les 85 % fin novembre.
Perspectives et positionnement sur les marchés
En cette fin de 2025, le contexte macroéconomique mondial offre des perspectives attractives pour les marchés actions, avec une réaccélération de la croissance attendue et des niveaux d’inflation qui se détendent. Les tarifs douaniers mis en place par Donald J. Trump génèrent désormais plus de 30 milliards de dollars de revenus additionnels chaque mois. Cette manne pourrait même permettre au gouvernement américain de redistribuer jusqu’à 2 000$ par foyer pour soutenir le moral des ménages et stimuler la consommation.
De plus, les négociations autour des droits de douane se sont accompagnées de promesses d’investissements d’usines sur le territoire américain. Cette dynamique permet de relancer l’industrie manufacturières comme en témoigne les enquêtes auprès des directeurs d’achats (indices PMI), qui sont enfin repassés en territoire positif. De son côté, le marché de l’emploi aux Etats-Unis poursuit sa normalisation : les derniers chiffres ont fait état d’un taux de chômage qui remonte calmement à 4,6 % avec une croissance des salaires en léger ralentissement à 3,4 % (contre 3,6 % attendu le mois dernier).
Ainsi, l’assouplissement monétaire de 25 points de base, initié par la Fed lors de la réunion du 10 décembre, pourrait se poursuivre au cours de l’année prochaine voir même de manière plus agressive si dans le remaniement des gouverneurs de la Reserve Fédérale Donald Trump réussissait à placer 6 membres acquis à sa cause.
Ce contexte qui conjugue stimuli budgétaires, baisse des taux directeurs et investissements de entreprises est particulièrement propice à une allocation des portefeuilles en actions américaines.
Évolution des revenus douaniers américains (en milliards de dollars)
Sources : Dauphine AM, Bloomberg
En Europe, la situation est plus contrastée. Alors que la plupart des économies européennes ont bénéficié d’un redémarrage de l’activité industrielle en 2025 (même la France !), le moteur manufacturier allemand peine à redémarrer en dépits du vote d’un plan de relance d’infrastructure de 500 milliards d’euros. Autre sujet de préoccupation majeur : l’incapacité des « pays cœurs » à infléchir la trajectoire dette. Le ratio dette/PIB ne cesse de s’accroitre en France (115 % aujourd’hui, avec une projection à 129% en 2030), limitant les marges de manœuvres du gouvernement pour soutenir l’activité. Concernant la politique monétaire européenne, après huit baisses de taux, la BCE adopte un ton plus restrictif, certains membres allant jusqu’à évoquer la possibilité d’une possible hausse de taux. Cette nouvelle serait lourde de conséquences pour la distribution de crédits et l’investissement privé. Dans ce contexte, le positionnement sur les marchés européens reste sélectif, centré sur les segments pouvant bénéficier du plan de relance allemand et d’un potentiel accord paix entre l’Ukraine et la Russie, qui entrainerait des dépenses majeures pour la reconstruction. Le facteur de soutien réside dans le niveau très élevé d’épargne des ménages qui pourrait devenir un soutien à la croissance si les primes de risques politiques et de tensions géopolitiques venaient à s’apaiser.
La France, le mauvais élève de la classe – Evolution du ratio dettes / PIB (en % )
Sources : Dauphine AM, Bloomberg
Voici les convictions thématiques pour 2026
Analyse Sectorielle : Robotique, Biotechnologie et Technologie Chinoise
Sur le plan sectoriel, une rotation s’opère vers les domaines où l’intelligence artificielle génère des gains de productivité tangibles, tels que l’intelligence artificielle physique (robotique et automatisation) et la biotechnologie, où les modèles d’apprentissage automatique accélèrent la découverte de médicaments. La course est lancée avec les Américains, la technologie chinoise allie une forte dynamique de recherche et développement et des valorisations nettement inférieures à celles de ses pairs.
Évolution du nombre de brevets délivrés (en milliers)
Sources : Dauphine AM, Bloomberg, Candriam
Matières Premières : Pivot vers les Métaux Industriels et l’Énergie
L’or et l’argent, après une progression spectaculaire cette année, devraient marquer une pause en 2026, au profit d’un regain d’intérêt pour les métaux industriels, notamment le cuivre et l’aluminium. Cette tendance est portée par les programmes mondiaux de relocalisation, l’électrification croissante de l’économie et l’expansion des centres de données, qui accentuent la demande en métaux critiques et en réseaux électriques robustes. Enfin, les thématiques de souveraineté énergétique, incluant le nucléaire et la mobilité durable, offrent une exposition privilégiée aux grandes transitions économiques actuelles.
Gestion thématique
Rentabilité des investissements en intelligence artificielle et contrainte énergétique
La montée en puissance des investissements liés à l’IA soulève deux enjeux majeurs : la rentabilité des dépenses d’investissement et la contrainte énergétique des centres de données. D’un côté, se pose la question de la rentabilité des investissements colossaux des géants du cloud dans les centres de données. Ces dernières semaines, les grands acteurs de l’intelligence artificielle ont lancé une vague de projets de construction de centre de données pour fournir la puissance de calcul nécessaire à leurs modèles d’intelligence artificielle. Ces projets absorbent désormais une part très significative des dépenses d’investissement des plus grandes entreprises mondiales. Par leur ampleur, ils obligent les investisseurs à s’interroger sur le véritable retour sur investissement de ces programmes et sur leur capacité à maintenir, voire améliorer, la rentabilité historique de ces groupes. L’enjeu est d’identifier dans quelle mesure ces dépenses se traduiront en nouvelles lignes de revenues, en gains de productivité et, in fine, en création de valeur par action.
D’un autre côté, la montée en puissance de l’IA pose la problématique de la demande énergétique des data centers. Aux États‑Unis, ces infrastructures représentent déjà autour de 5 % de la consommation d’électricité et pourraient approcher 10 à 12 % d’ici 2030, sous l’effet de l’intensification des besoins de calcul liés aux modèles d’IA. Cette trajectoire implique d’ajouter plusieurs centaines de TWh (térawattheures) de production électrique à horizon 2030, dans un système où les renouvelables assurent à peine un quart du mix et où l’extension des capacités de transport et de production reste lente. Le risque pour les investisseurs est double : d’une part, une hausse des coûts de l’énergie et du raccordement susceptible d’éroder la rentabilité des investissements liés à l’IA ; d’autre part, l’émergence de contraintes physiques et réglementaires pouvant retarder ou renchérir significativement les projets de data centers. Au point de constituer un frein structurel au déploiement de l’intelligence artificielle générative.
Consommation d’électricité des centres de données par région entre 2020 et 2030
Source : International Energy Agency
L’adoption généralisée de l’intelligence artificielle dans le monde professionnel reposera sur une double dynamique structurelle : d’une part, l’augmentation continue de la puissance de calcul mise à disposition des entreprises et, d’autre part, l’amélioration rapide de l’efficacité énergétique par unité de calcul. Cette dernière est rendue possible par les progrès technologiques des semi-conducteurs, des architectures de calcul et, plus largement, des infrastructures d’IA, permettant de concilier montée en charge des usages et maîtrise des contraintes énergétiques.
Si le choc de demande en puces ne devrait pas se prolonger à moyen terme, l’augmentation de la consommation d’énergie apparaît en revanche durable et susceptible de transformer structurellement le paysage mondial de la production électrique. Même progressivement amortie par les gains technologiques et l’amélioration de l’efficacité énergétique, la montée en puissance des usages liés à l’intelligence artificielle pourrait continuer à soutenir une demande d’électricité structurellement élevée.
Puissance de calcul IA multiplié par 1,000 en 8 ans
Source : Dauphine AM
L’énergie nécessaire pour générer des crédits GPT4-1.8t a été réduit par 45 000 en 8 ans
Source : Dauphine AM
Possibilité de Paix en Ukraine : plan de reconstruction et implication énergétique
Depuis fin novembre, des discussions sont en cours autour d’un possible traité de paix entre la Russie et l’Ukraine. De nombreux acteurs ont pris part aux négociations, dans le but de stopper le conflit touchant l’Europe depuis plus de trois ans. La fin de la guerre ouvrirait immédiatement deux chantiers majeurs pour l’Europe : un vaste plan de reconstruction, potentiellement financé en partie par les actifs russes gelés, et une redéfinition de l’équilibre pétrolier mondial en cas de levée progressive des sanctions pesant sur le brut russe.
Les dernières estimations conjointes de la Banque mondiale, de l’Union européenne et des Nations unies évaluent les besoins de reconstruction et de redressement de l’Ukraine à environ 500 milliards d’euros sur dix ans, soit près de trois fois le PIB ukrainien projeté pour 2024. L’UE privilégie un schéma de financement reposant largement sur la mobilisation des avoirs russes gelés sur son territoire. Un accord de paix ouvrirait ainsi de larges opportunités pour les entreprises européennes et américaines et pourrait se traduire par une accélération de la croissance dès 2026.
Dans le même temps, un traité de paix s’accompagnerait vraisemblablement d’un allègement progressif des sanctions occidentales sur le pétrole russe, permettant une remontée des exportations russes vers les marchés européens et mondiaux. La réintégration plus directe de ces volumes (la Russie représente environ 10 % de l’offre mondiale) augmenterait l’offre disponible, réduirait la prime de risque géopolitique intégrée dans les cours et exercerait une pression baissière sur les prix du pétrole. Le pétrole russe est, aujourd’hui, vendu au marché noir, principalement à l’Inde et à la Chine. La Russie retrouverait aussi la totalité de ses capacités, ces infrastructures étant souvent victime de frappes ukrainienne, ayant pour but de déstabiliser la production et les revenus issus du pétrole russe.
Évolution de la production des trois principaux pays producteurs de pétrole
Sources : Bloomberg, Dauphine AM
Matières premières
Depuis le début de l’année 2025, le cours du cuivre évolue à des niveaux historiquement élevés, passant d’environ 8 900 USD par tonne en janvier à plus de 11 100 USD par tonne fin novembre, un plus haut historique. Cette progression est alimentée par un déséquilibre marqué entre une offre à faible croissance et une demande soutenue par des tendances structurelles, telles que le développement des véhicules électriques et la multiplication des centres de données, particulièrement intensifs en cuivre. Des travaux de la Banque de France et de Bloomberg estiment que la montée en puissance de l’intelligence artificielle pourrait, d’ici 2030, ajouter plusieurs millions de tonnes à la demande mondiale de cuivre, contribuant à maintenir les tensions observées récemment sur les prix.
En novembre, l’or a rebondi après la correction observée fin octobre, se stabilisant de nouveau au-dessus de 4 000 USD l’once, dans le sillage de ses records historiques atteints en octobre. Ce mouvement s’explique par le retour des flux vers les actifs refuges dans un contexte de forte incertitude géopolitique, par des anticipations renforcées de baisses de taux de la Réserve fédérale à partir de fin 2025, ainsi que par la poursuite des achats nets des banques centrales et des investisseurs institutionnels.
Évolution de la performance des différents métaux depuis 2000
Sources : Bloomberg, Dauphine AM
AVERTISSEMENT
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