Pas de (gros) nuages à l’horizon

Lors de nos perspectives du trimestre précédent, nous alertions sur le caractère anxiogène que pouvait constituer la dynamique positive, coordonnée et généralisée de l’économie mondiale, susceptible de créer un doute sur le caractère trop rigoriste des politiques monétaires à venir des Banques Centrales. Cela n’a pas tardé à faire son effet : fragilisés par les tensions commerciales et géopolitiques savamment orchestrées par Donald Trump, les actifs financiers, actions en tête, ont tremblé à partir du mois de février. Depuis, les observateurs se sont aperçus que les risques de surchauffe économique étaient probablement surestimés : les ventes au détail ont déçu outre-Atlantique, rappelant au monde que les agents privés américains sont d’une extrême sensibilité au taux d’intérêt, tandis que les indicateurs conjoncturels ont reflué en Europe, après avoir atteint des sommets en fin d’année dernière. Faut-il s’inquiéter de cette perte de momentum économique ? Au contraire. Pour le moment, il ne s’agit que de ralentissement, non de décrochage, susceptible de fournir les arguments aux principaux banquiers centraux afin que ces derniers rassurent les investisseurs quant à leur volonté de conserver un biais durablement accommodant en termes de politique monétaire.

Zone euro : la dynamique s’essouffle… bonne nouvelle ?

Après une fin d’année 2017 en fanfare en zone euro, les derniers indicateurs conjoncturels plafonnent voire refluent depuis quelques semaines. Cela doit-il nous surprendre ? Pas véritablement au regard des sommets historiques que ces derniers avaient atteints au cours des six derniers mois… les arbres ne montent tout de même pas jusqu’au ciel.

En effet, même si l’indice de sentiment économique a baissé pour le 3ème mois consécutif (il atteint 112,7 à fin mars contre 114,4 le mois précédent) dans les cinq premières économies de la zone euro (Allemagne, France, Italie, Espagne et Pays Bas), il se maintient à un niveau tout à fait convenable, susceptible de permettre au taux de croissance de se maintenir au-dessus de son potentiel en 2018, sans pour autant générer des pressions inflationnistes handicapantes en zone euro.

Dans cette veine, la consommation des ménages se stabilise (cf. graphique n°2), après avoir connu une progression impressionnante et continue depuis le point bas de 2013. Nous n’anticipons pas pour autant de repli conséquent dans les trimestres à venir mais plutôt une progression plus raisonnable, notamment grâce à des conditions de financement qui restent toujours historiquement favorables et un taux d’endettement acceptable sur le Vieux continent.

Au final, nous considérons paradoxalement le ralentissement actuel comme une nouvelle offrant de la visibilité aux investisseurs pour les mois à venir. En effet, cet essoufflement de la dynamique de la zone euro donne des arguments solides à la BCE pour éviter d’avoir à durcir le ton trop rapidement sur le Vieux continent… La reprise de l’inflation étant totalement absente en dépit des discours de certains observateurs depuis le début de l’année (cf. graphique 3), le maintien d’une politique monétaire durablement accommodante dans un contexte de perspectives économiques convenables permettra aux entreprises d’améliorer encore leurs marges et aux actifs financiers de continuer à bien se comporter.

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